Coupe et couture, à chacune son style

Publié le par terre-de-femmes.over-blog.com

P1030589 (Small)Antsirabe et Fianarantsoa, Août 2011

 

NAZARETAKELY (« petit Nazareth ») est un centre de formation professionnelle tenu par des religieuses de la congrégation des  « filles du cœur de Marie », à Antsirabe.

Le centre de formation a été créé en 1975, à l'origine pour des formations ménagères sur 3 ans, dispensées aux jeunes filles et femmes du quartier. En 2004, l'activité a évolué pour devenir un centre professionnel rural et artisanal, qui dispense des formations sur 18 mois de coupe et couture, broderie, tissage, vannerie.

 

La formation n'est pas que technique. Les jeunes femmes suivent également des cours de religion, de français, d'anglais, de vie sociale, de « préparation humaine » (vie de famille, planning familial, communication, développement personnel), de comptabilité et de gestion simplifiée.

La formation est rythmée en 3 semestres, évolutifs : formation de base toutes disciplines, perfectionnement, stage pratique chez un artisan ou une entreprise. La formation est récompensée par un certificat, après soutenance du rapport de stage. Le centre espère obtenir un agrément du Ministère de l'Education pour pouvoir délivrer un diplôme reconnu, ce qui lui donnerait aussi accès à des subventions.

 

Nazaretakely centre de formation (18) (Small)Les critères d'admission portent sur le niveau d'étude (primaire, équivalent du CE1) et l'âge (16 ans minimum).

Les résultats de sortie sont bons : environ 80% des apprenties ont trouvé un travail à l'issue de la formation, en entreprise (« zone franche »), chez un artisan, à leur compte ou regroupées en association.

Il est cependant difficile de regrouper les jeunes femmes pour monter des ateliers collectifs, car l'habitat est éclaté, elles sont par conséquent éloignées les unes des autres.

5 ou 6 filles sont retournées dans l'enseignement général, ce qui est aussi une sortie « positive » !

 

 

 

Nazaretakely centre de formation (2) (Small)Les bonnes années, Nazaretakely a eu plus de 100 jeunes filles en apprentissage. Sur 11 promotions, 134   apprenties ont été formées. Mais depuis quelques temps, en raison de la « crise », le nombre de participantes a dramatiquement diminué. En 2011, elles ne sont plus que 50, dont 10 seulement sur la première session. Les familles n'ont plus les moyens de payer les frais de scolarité (de 5000 à 8000 Ariary par mois, soit 2 à 3€).

Pourtant, le niveau de la scolarité est nettement insuffisant pour couvrir toutes les charges du centre (salaires des enseignants, charges du bâtiment et autres charges de fonctionnement). Par conséquent, Nazaretakely a développé un atelier de production, pour compléter les ressources, ainsi que des prestations de formations pour d'autres organismes et professionnels. Ces dernières permettaient de générer de bons revenus et même des bénéfices. Malheureusement, depuis 3 ans, la demande de ces prestations s'est tarie, pour la même raison, « la crise » !

Il reste à miser sur un redémarrage de l'activité de formation de base, et sur des débouchés nouveaux pour la vente des produits confectionnés. Les idées de manquent pas, ni la motivation, mais le fonds de roulement réduit à  peau de chagrin n'arrange pas les affaires ! 

 

P1030542 (Small)Côté produits, le centre confectionne des articles assez classiques, mais de bonne qualité : vêtements, articles de maison. Il aurait sans doute intérêt à se trouver une spécialité ou bien une clientèle particulière pour se démarquer du tout venant que l'on trouve sur le marché, moins cher. De plus, une démarche commerciale bien ciblée (pour ne pas coûter trop cher) est nécessaire à mettre en place.

 

 

 

 

 

 

L'avenir ? 2012 sera une année décisive : l'activité doit absolument redécoller. Les responsables s'activent à trouver des solutions pour sauvegarder le centre.

Il serait en effet dommage qu'il ferme ses portes car il est utile à plusieurs titres : il apporte aux jeunes femmes issues de couches sociales pauvres non seulement une formation professionnelle, mais également des valeurs et des exemples qui devraient faciliter leur passage à la vie d'adulte.

 Nazaretakely centre de formation (8) (Small)

 


Les femmes de la coopérative FIARENANA (« se relever ») ont travaillé pendant 20 ans pour une ONG. 60 femmes faisaient de la broderie sur des nappes et des vêtements revendus sur le marché local.


Fiarenana Antsirabe (6) (Small)Au décès de la responsable en 2008, l'ONG s'est arrêtée. 13 femmes ont alors décidé de reprendre l'activité en coopérative. Celle-ci a été appuyée par une association française, Grandir à..., qui a mis à disposition un local, financé les équipements, relooké la ligne de produits et offre des débouchés aux vêtements et articles confectionnés.


C'est par conséquent un changement total d'orientation qui a été pris. C'est bien pour la coopérative, qui a trouvé un nouveau support, mais elle est totalement dépendante de l'association française pour la clientèle de ses produits, bien trop chers pour être vendus sur le marché local.

 

Fiarenana Antsirabe (5) (Small)La coopérative emploie 10 brodeuses et 3 couturières. La rémunération est à la pièce. Elle est calculée sur un temps moyen à réaliser l'article, avec un coût à l'heure supérieur de 30% au smic local.

Les femmes sont relativement satisfaites du revenu qu'elles gagnent à la coopérative, même s'il faudrait le double pour assurer totalement toutes les charges de la famille avec cette seule activité. Elles pourraient travailler plus vite, mais ce sont les clients qui manquent. Toutes ces femmes font en plus du commerce informel : achat et revente de nourriture (riz, céréales, farine...).

 

 

 

Fiarenana Antsirabe (2) (Small)L'originalité de cette coopérative est sa ligne de produits : T-shirts, chemises, sweet-shirts, pantalons et jupes aux couleurs, formes et broderies modernisées, adaptées aux profils des partenaires et bénéficiaires  de l'association Grandir à.

 

La question se pose de la dépendance de la coopérative sur ce plan. Car bien que Fiarenana soit en voie d'autofinancement, que fera-t-elle si l'association partenaire décide d'arrêter son soutien ? 

 

 Fiarenana Antsirabe (3) (Small)

 

 

 

 

 

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

GASH'MLAY est l'atelier de couture monté par Le Relais Magasikara, à Fianarantsoa. Il est récent, créé en 2009. L'activité économique principale du Relais est le tri et le recyclage de vêtements, effectué dans l'optique de donner du travail aux personnes les plus défavorisées.

 

P1040399 (Small)Des containers de vêtements pré-triés sont reçus des plateformes des Relais en France. Le tri des vêtements vendables en friperie est effectué. Ceux qui sont trop sales ou abîmés sont destinés à l'atelier de couture, qui recycle et confectionne de nouveaux vêtements à partir des chutes de tissus obtenus. Et cela donne des résultats étonnants ! Plutôt bien réussis.

L'atelier travaille avec une styliste française. Il a même organisé un défilé de mode.

 

  Au bout de 2 ans et demi d'activité, l'atelier emploie 11 personnes, dont 10 femmes. Sa croissance est exponentielle (notamment grâce à l'ouverture d'une boutique en ville).

 

 

 

 

 

 

 

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Le base de salaire est fixé au dessus du smic, avec primes de productivité pour la motivation et avantages sociaux (cotisation aux caisses sociales et caisse mutuelle au sein de l'entreprise).

Pour les débouchés des produits, le souhait de l'atelier est d'avoir une clientèle malgache, et de financer l'activité uniquement avec les articles confectionnés à partir du recyclage de tissus.

 

Pour l'instant, les ventes des produits « maison » sont loin de financer les charges. Elles représentent environ 10% du chiffre d'affaires de la boutique. Car les vêtements confectionnés sont encore trop cher pour le malgache « moyen », dont le niveau de vie est faible.

 

Pour assurer sont financement, l'atelier a donc diversifié ses produits, avec des vêtements neufs à bas prix, et d'autres articles destinés aux touristes.

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Le Relais insiste sur son indépendance financière, dont il est fier, et qu'il souhaite conserver. Il insiste également sur l'objectif social et l'éthique de l'entreprise, l'activité économique restant un moyen, un support.

 

L'objectif à terme de Gash'Mlay est un jour de devenir un atelier autonome, affranchi de son créateur, mais qui, espérons-le, conservera ses valeurs ... dans quelques années, peut-être ?

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A
<br /> Le Relais Magasikara est-il lié, d'une manière ou d'une autre, à l'entreprise française "Le Relais", issu d'Emmaüs, dont l'activité d'origine st la récupération, le tri et le recyclage des<br /> vêtements et textiles ?<br /> <br /> <br />
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T
<br /> <br /> Oui, bien sûr, le relais de Madagascar est lié, et même de près, au Relais d'Emmaüs France. Ce dernier a aidé au lancement, c'est lui qui approvisionne les tonnes de palettes de vêtements qui<br /> sont envoyés à Mada (premier tri par les équipes des Relais France et centralisation dans des entrepôts avant envoi). De plus, même s'il annonce fièrement que le Relais de Mada s'auto-finance, le<br /> responsable est quand même salarié du Relais France, et la reprise de l'entreprise de véhicules a certainement été possible grâce à la caution "morale" du grand frère. Conclusion : le Relais Mada<br /> ne pourrait exister sans le Relais France, mais il tend à prendre son autonomie en créant d'autres projets en dehors du recyclage de vêtements. Cf. le lien sur leur site.<br /> <br /> <br /> <br />