Les sécheuses de poissons du Cap Skirring

Publié le par terre-de-femmes.over-blog.com

 

Cap Skirring (17) (Small)Sénégal, Casamance, Mai 2011

 

Pendant que les vaches et leurs veaux farnientent et se dorent au soleil au bord de l'eau, les sécheuses de poissons se préparent, dès la première heure, à récupérer le fruit de la pêche déversé des barques qui reviennent de la mer.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cap Skirring (11) (Small)Au petit matin, les pêcheurs vont récupérer, avec leurs barques toutes décorées de couleurs vives, les filets qu'ils ont posés la veille. Le résultat de la pêche est aléatoire. Il y a des bons jours et d'autres moins. Les poissons sont de toutes tailles et de toutes espèces. Des requins, aux ailes très prisées par les japonais, côtoient de magnifiques homards violacés.

 

 

 

 

 

 

 

 

Cap Skirring (13) (Small)Dans les petits restaurants de plage, tenus par des jeunes, on peut se régaler de brochettes de lotte ou de Tiep bou dien (le plat national de poisson sénégalais) ou encore d'un plat du jour au poisson bien frais, pour pas cher !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cap Skirring (8) (Small)Les sécheuses de poissons sont en général les femmes des pêcheurs. Elles ne sont pas toutes originaires du Cap, elles sont venues avec leurs maris.

Elles récupèrent le poisson qui n'est pas vendable en l'état, le salent et le font sécher au soleil, à l'air libre, sur de grandes tables en bois. Les nez sensibles aux odeurs fortes voire nauséabondes peuvent s'abstenir ! Le procédé de séchage dure environ 3 jour en saison sèche, jusqu'à une semaine en saison des pluies, car les tables ne sont pas abritées et l'air est alors très humide.

Le poisson frais, lui, est immédiatement pesé, trié, mis dans de la glace et expédié dans la journée. Il fait travailler une catégorie intermédiaire : les mareyeurs, population exclusivement masculine, comme les pêcheurs.

 

 Cap Skirring (18) (Small)Les acheteurs des poissons viennent les chercher sur place. Ce sont des grossistes, qui proviennent de Dakar, Kaolak ou Zinguinchor, mais aussi des pays voisins, Gambie et Guinée.

Les livreurs de sel chargent leurs camions de poissons séchés en échange, avant de s'en retourner. C'est une bonne façon d'optimiser le transport.

 

 Les sécheuses de poissons sont aussi employeuses : elles emploient des jeunes hommes pour porter les bassines depuis le rivage jusqu'aux tables, transporter l'eau qui servira au lavage des poissons, découper les poissons. Les jeunes sont pour cela payés à la bassine. Leur salaire représente ¼ du chiffre d'affaires de la table, pas tellement moins que le revenu qui reste aux femmes après la vente de tout le poisson d'une table.

 

Cap Skirring (2) (Small)Les femmes possèdent entre 1 et 3 tables, d'environ un mètre sur 5. Elles travaillent 7 jours sur 7. L'activité rapporte assez bien, en tout cas elles en sont satisfaites car il n'y a pas de problème d'écoulement de la marchandise, et les revenus leurs permettent de gagner chaque jour 1000 à 2000F pour payer les charges quotidiennes de la famille : loyer, scolarité, habillement. Grâce à cette activité, les femmes ont ouvert un compte en banque.

 

 

 

 

 

Cap Skirring (5) (Small)Les femmes sécheuses de poissons du Cap n'ont pas créé de groupement à part entière, elles sont membres de l'association du village des pêcheurs, qui est mixte. Le président est un homme, mais la vice-présidente est une femme. L'association permet, outre des éventuels plaidoyers, de se concerter sur un prix de vente et regrouper la production lors de grosses commandes.

 

 

 

 

 

 

 

 

Cap Skirring (9) (Small)Côté positif : la pêche au Cap Skirring permet de faire vivre certainement plus de 100 familles (évaluation personnelle).

Côté sombre : cette activité est génératrice de déchets, des coquilles et gros coquillages, ramassés et mis en tas directement sur la plage, qui s'accumulent et commencent à faire désordre. Le ministère de la pêche s'est emparé du problème, et a réfléchi à des possibilité de recyclage. Une proposition a été faite par le village des pêcheurs d'utiliser ces coquillages pour consolider les pistes menant aux campements et aux hôtels du Cap. Ils pourraient aussi être mélangés au ciment pour la construction ou encore inclus dans l'argile servant à fabriquer les marmites. Il y a donc des solutions astucieuses qui peuvent être trouvées. Alkhamdoulila (Dieu soit loué) !

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