L'héritage de la civilisation maya

Publié le par terre-de-femmes.over-blog.com

 

Chiapas - Guatemala, janvier-février 2013

 

Civilisation maya (40)

Un peu d'histoire...

 

Les Mayas sont venus d'Asie par le détroit de Béring, comme tous les peuples américains. Ce peuple indien d'Amérique centrale fut fondateur d'une brillante civilisation précolombienne qui s'étendit sur les territoires actuels des États mexicains des Chiapas et du Yucatán, ainsi que sur ceux du Bélize, du Guatemala et du Honduras. Dans les forêts tropicales du Petén et sur les terres arides du Yucatán, les Mayas ont, durant plus de deux millénaires, développé une civilisation prestigieuse.

Au IXe siècle de notre ère, leurs cités furent peu à peu abandonnées, pour n'être redécouvertes par les explorateurs qu'à partir du XIXe siècle.

 

Civilisation maya (15)Les Mayas se sont implantés vers le IIe millénaire avant JC dans une région caractérisée par une diversité de reliefs, des sols et du climat. A cette variété de paysages correspond la multiplicité des manifestations culturelles locales: s'il existe effectivement une civilisation maya, on ne saurait sous-estimer la richesse de sa diversité intérieure.

Depuis cette date, les Mayas ne se sont pas déplacés, malgré les vicissitudes de l'histoire. Cette stabilité exceptionnelle peut expliquer l'empreinte si forte de la culture maya sur les générations contemporaines, tant au plan linguistique que des us et coutumes.

 

Vers 300 avant J-C se produit un phénomène d'accélération: à la multiplication des sites s'ajoute une activité architecturale intense, signe d'un fort accroissement de la population. Les habitants des cités édifient de vastes plates-formes ou pyramides; apparaissent les premiers terrains de jeu de balle; la voûte à encorbellement est utilisée pour des tombes décorées de peintures. De grands masques en stuc ornent les façades. Chaque site se développe de façon autonome, néanmoins on utilise partout la même céramique rouge, marque indéniable d'unité culturelle.

 

Civilisation maya (30)Des tensions se manifestent, peut-être dues à cette rapide croissance, entre 50 et 250 de notre ère. Certaines cités disparaissent définitivement, tandis que d'autres s'imposent. Ainsi, en 292, Tikal érige la première stèle datée connue, revendiquant ainsi un pouvoir politique dominant pour sa dynastie, laquelle va imposer sa marque à une grande partie du monde maya.

Le rôle de Tikal semble avoir été renforcé par les liens qui l'unissent à la grande métropole du Mexique central, Teotihuacan. Cette dernière cité, peuplée de 200.000 habitants environ, exerce alors son influence sur toute la Méso-Amérique.

 

Vers le milieu du VIe siècle, on note toutefois en territoire maya un ralentissement des activités, qui se traduit par l'interruption de l'érection de monuments datés. Cet arrêt marque la fin du classique ancien.

 

Civilisation maya (26)Bientôt s'opère un renouveau d'activité architecturale et artistique, accompagné d'un fort accroissement de population: les grands sites se développent encore, d'autres sortent de leur léthargie, comme Seibal, et de nouvelles cités sont fondées. Autour de centres où abondent pyramides et monuments sculptés s'organisent des cités-États qui rivalisent de prestige. La culture maya atteint son apogée, qui durera jusqu'au Xe siècle.

 

En l'absence d'une technologie élaborée et confrontés à une croissance de population permanente, les Mayas n'ont pu faire face au destin qu'ils redoutaient tant. La guerre et les crises internes ont entraîné la décadence puis la chute de leurs cités. Mais la conquête espagnole n'en fut pas facilitée pour autant : le Yucatán ne fut soumis qu'en 1540, Tayasal tomba en 1697.

 

L'économie maya...

 

Comme les autres peuples du continent, les Mayas ignorent la métallurgie et l'élevage, et n'ont donc pas d'animaux de trait. En l'absence de roues ou d'animaux de trait, seuls le portage ou la navigation rendaient possibles les échanges, en faibles quantités ou sur de courtes distances.

Civilisation maya (37)Leur économie, proche de celle du néolithique, repose donc pour l'essentiel sur l'agriculture et la pierre taillée. L'agriculture sur brûlis est le système le plus courant: le paysan défriche un champ (la milpa) en saison sèche, puis brûle la végétation, la cendre jouant le rôle de fertilisant; le champ est ensemencé au début de la saison des pluies, et la récolte se fait à l'automne. Le même champ, vite épuisé, ne peut être cultivé que deux ou trois ans d'affilée, puis doit être laissé en jachère pendant plus de dix ans. Chaque cité avait donc besoin pour sa subsistance de vastes territoires, sinon elle ne pouvait nourrir qu'une population réduite. Or la dimension de la plupart des cités comme l'ampleur des travaux menés à bien en peu de temps font penser que ce mode de production ne pouvait suffire aux besoins. Les Mayas avaient mis au point des systèmes plus intensifs, comme l'agriculture en terrasses ou en jardins potagers, autour des maisons. La chasse, la pêche, la cueillette constituaient des ressources d'appoint.

 

L'essentiel de l'activité économique se déroulait dans le cadre familial, une économie de subsistance. La situation économique était donc stable, mais fragile, sensible à tout impondérable.

En outre, la diversité du territoire s'accompagnait d'une variété des ressources, permettant le troc entre les zones côtières (sel), les plateaux volcaniques (silex) ou les hautes terres.

 

L'organisation sociale...

 

Civilisation maya (13)À la simplicité de cette économie répondait une structure sociale complexe, fondée sur une organisation familiale patrilinéaire, une division sexuelle du travail et une répartition par secteurs d'activité. Les agriculteurs, c'est-à-dire la majeure partie de la population, se divisaient en paysans, serviteurs et esclaves. L'élite, de son côté, se répartissait en guerriers, prêtres, administrateurs et dirigeants. De plus, l'élite et le peuple ne formaient pas des catégories antagonistes, car des liens de parenté ou d'alliance unissaient dirigeants et serviteurs, chefs et paysans.

L'organisation urbaine traduit assez bien cette unité, depuis les habitats dispersés de la périphérie, construits en matériaux périssables, jusqu'au cœur des sites regorgeant d'édifices prestigieux, où réside l'élite: la plupart des grands édifices, pyramides ou palais, sont associés au lignage dirigeant, et la pyramide principale abrite fréquemment le tombeau d'un chef ou d'un ancêtre. Ce sont ces constructions durables qui ont permis de retrouver les sites mayas dispersés dans la jungle.

 

L'écriture maya...

 

Civilisation maya (12)L'écriture des Mayas est un système combiné de signes idéographiques et syllabiques, les glyphes. Chaque glyphe est composé d'un signe principal et d'affixes qui en complètent le sens. Ces glyphes peuvent être des noms, des verbes, et forment des phrases.

Les anciens mayas contèrent, à travers leurs glyphes, le territoire de pouvoir comme le “lieu des trônes”, d'où les familles dynastiques, d'astronomes, d'architectes, militaires, artistes, et commerçants, dirigèrent les institutions essentielles du travail de la population, pour la production et la reproduction de la société. Là, se payait le tribut des récoltes de maïs et de haricots, s'offrait le sang, tant en guerres qu'en constructions monumentales.

Des fragments de ces glyphes reconstitués ont ainsi permis recomposer l'histoire des cités et de lever une partie du mystère de la cosmogonie maya.

 

Le calendrier maya...

 

Civilisation maya (34)En mathématiques, les Mayas utilisent trois signes: le point équivaut à un, la barre à cinq, et un coquillage symbolise le zéro. Ils comptent de 20 en 20, et, avec le zéro, utilisent une numérotation de position. C'est sur ces bases que fut élaboré un système complexe de division du temps, par cycles et depuis un jour origine.

Les mayas utilisaient 2 calendriers, correspondant à leur observation des cycles de la lune, du soleil, de Vénus et des étoiles : un calendrier rituel, de 13 chiffres et 20 noms de jours, correspondant à 20 énergies ou qualités, soit 260 possibilités, se combinait avec un calendrier solaire, comptant 18 mois de 20 jours, plus 5 jours “néfastes”, soit 365 jours, pour obtenir un compte de 52 ans, qui lui-même se synchronise avec le mouvement de Vénus chaque 2 tours ou 104 ans !

Les Mayas érigeaient régulièrement des monuments datés et inscrivaient des dates sur des stèles et des vases, signe de leur hantise, mais aussi de leur maîtrise parfaite du temps.

 

Les nombres, les jours et les mois étaient dédiés successivement aux quatre points cardinaux, en une séquence qui commençait à l'ouest pour continuer par le sud, le nord et l'est. L'ouest représentait l'automne et les échanges, le sud, le printemps et la guerre, le nord, l'hiver, le tribut, la mort et l'est, le printemps et l'agriculture.

 

La cosmogonie maya...

 

Civilisation maya (33)Les Mayas ont une multiplicité de divinités, qui reçoivent pour symboles cultuels des éléments naturels: sources, nuages, vent, terre, ciel, etc... Mais plus qu'un culte à des dieux, la vie religieuse et ses manifestations semblent liées au culte des ancêtres. Des stèles ou inscriptions, par exemple, représentent un roi, entouré de ses ancêtres et de son lignage. Les tombeaux et les pyramides sont les signes architecturaux du pouvoir d'une dynastie, et les peintures murales glorifient ses actions.

La cosmogonie maya est le reflet d'une vision du monde pessimiste (à la tête du panthéon maya se trouve Chac, un dieu zoomorphe qui se plaît aux sacrifices humains) – dont témoigne le Popol-Vuh – et d'une conception de l'histoire fondée sur une succession d'ères ponctuées par des déluges ou des incendies, et que l'on découvre dans les chroniques du Chilam-Balam. Le roi (seigneur, Ahaus), par les rites souvent sanguinaires, et par ses actes, assure la pérennité du monde.

 

Les “soleils vivants”...

 

Civilisation-maya--16--copie-1.JPGGouvernants des familles dynastiques, les seigneurs mayas se considéraient comme des êtres surnaturels, demi-dieux, maîtres du temps, des calendriers, des 4 “rumbos” (points cardinaux), des 3 ciels et des 9 inframondes.

Tant dans l'architecture que dans la scultpure, se fêtaient les changements de cycle du ciel et la succession dynastique des familles gouvernantes, qui alimentaient la machine céleste avec leur sang (sacrifices humains) et bougeaient les forces aquatiques, agricoles et terrestres.

 

 

Le maïs, l'inframonde, la terre et le ciel...

 

Le maïs est la base essentielle de la vie des peuples mayas; les calendriers et temples astronomiques étaient construits pour identifier les périodes de semailles, de soins, d'irrigation et de récolte de cette graminée, considérée comme une plante divine, et de telle valeur qu'elle était représentée par le jade, la pierre qui servait d'étalon aux marchandises.

Civilisation maya (29)Le maïs traversa les niveaux essentiels de la structure cosmologique et architecturale des cités antiques. A partir de sa plantation, la semence passe par les 9 niveaux de l'inframonde après avoir affronté les forces de ce dernier, représentées par les taupes, les fourmis, les vers et les rongeurs.

Postérieurement, le maïs affronte les cerfs, les sangliers, les « tepezcuintles » et les broussailles, qui proviennent des 4 extrémités de la surface de la terre. Ces 4 points cardinaux sont représentés dans l'architecture des maisons, des temples et des palais.

Quand le maïs est en fleur, commence une lutte contre les seigneurs du ciel représentés par les oiseaux diurnes. Finalement, il combat les rongeurs nocturnes durant le temps du séchage. La lutte contre les oiseaux et les rongeurs a sa représentation dans la toiture crénelée des constructions, motifs architecturaux à travers lesquels passent les lumières et les vents.

 

 

(Sources : abc-latina.com et musée de Tonina)

 

Les mayas aujourd'hui...

 

Pour les peuples indigènes, paysans et ruraux, la terre et le territoire sont d'avantage que travail et alimentation; c'est aussi la culture, la communauté, l'histoire, les ancêtres, les rêves, le futur, la vie et la mère.” (André Aubry)

 

Civilisation maya (24)Aujourd'hui, les Mayas sont quelques 2 millions qui appartiennent au groupe linguistique maya, comprenant 26 langues distinctes.

En dépit des invasions et des conquêtes, les peuples mayas ont su jusqu'à nos jours préserver leur identité, caractérisée par une manière de vivre proche de la nature, le respect des ancêtres, le syncrétisme religieux avec la préservation des rituels (cérémonies dédiées au ciel et la terre, en vue d'assurer de bonnes récoltes), le recours aux guérisseurs et aux sorciers, la transmission des langues ancestrales, le port des costumes traditionnels.

 

L'agriculture des régions habitées par les descendants des mayas reste une agriculture de subsistance, basée sur la culture du maïs et des haricots.

Aujourd'hui encore, le système de brûlis est utilisé pour fertiliser les sols, bien que depuis lors d'autres solutions alternatives et plus écologiques aient été trouvées.

L'usage du bois pour la cuisine est encore fortement d'actualité, ainsi que les foyers à 3 pierres, notamment dans les hameaux reculés, et pour cuire le maïs dans la cour de la maison.

 

Civilisation maya (38)Petit à petit, des milpas familiales ont été remplacées par des plantations de café, répondant aux besoins économiques des familles ainsi qu'à la demande de clients des pays du nord. Les Allemands ont implanté des exploitations au Chiapas, les canadiens et américains du nord achètent leur café organique aux abords du lac Atitlan.

Néanmoins, les mayas ne sauraient troquer toutes leurs terres pour « l'or du café ». Car celui-ci est tout aussi dépendant des aléas climatiques et des maladies. Cette année, par exemple, la production guatémaltèque est fortement affectée par une maladie qui a attaqué les feuilles. Le gouvernement a lancé une opération de compensation, en distribuant aux familles les plus nécessiteuses des semences supplémentaires de maïs et de haricots qui vont remplacer les caféiers. Finalement, la céréale chérie va reprendre sa place dans les milpas.

Le maïs est donc encore, et pour longtemps semble-t-il, la céréale de base de l'alimentation. La fabrication de tortillas, tout comme le tissage, sont des savoirs-faire ancestraux qui se transmettent de mère en fille.

 

Civilisation maya (42)Les huipiles (blouses) portés par les femmes sont tous porteurs de symboles, ainsi que les motifs des cortes (jupes longues). Les huipiles traditionnels de la communauté de San Juan la Laguna, au Guatemala, se caractérisent par un mouvement circulaire se terminant par les nawals du calendrier maya. Maisceux-ci sont de moins en moins portés, au profit de blouses plus légères aux motifs fleuris, beaucoup moins chères à l'achat. Alors que les femmes portent encore un vêtement traditionnel, pour le moins le corte et la ceinture, les hommes ont troqué leurs chemises et pantalons tissés contre des vêtements modernes. Seuls quelques hommes âgés, ou appartenant à des communautés très traditionnelles, continuent à perpétuer la tradition. Après eux, ces costumes ne seront visibles que dans les musées.

 

Enfin, si le chocolat était utilisé comme valeur de travail dans les temps antiques, aujourd'hui, il reste une boisson de luxe, très appréciée par toute la population ! Car chez les mayas, le chocolat ne se mange pas, il se boit.

 

Civilisation maya (31)Et pour terminer légèrement, voici 

 

La recette de la boisson chocolatée maya :

 

Porter de l'eau à ébullition. La verser sur un ou plusieurs carrés de chocolat par tasse (car le chocolat se présente en tablettes), selon le goût plus ou moins prononcé que l'on veut obtenir. Laisser reposer quelques minutes pour faire fondre le chocolat. Puis battre jusqu'à obtenir un mélange onctueux. Ajouter sucre, cannelle, cardamome et autres épices selon le goût, mélanger. C'est prêt ! Servir bien chaud.

Publié dans Chroniques Amériques

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article