En pays K'iché

Publié le par terre-de-femmes.over-blog.com

Quiché (8)Nebaj, Guatemala, mars 2013.

 

Dans les années 70, la guerre civile fait rage depuis déjà une décénie. La violence politique s'accuentue, l'on dénombre 50 à 60 000 personnes tuées sur cette période, ajoutées aux 22 000 personnes qui ont péri lors du terrible tremblement de terre de 1976, laissant en prime un million de sans-abris. Au total, ce sont 200 000 guatémaltèques qui ont été tués durant la guerre, des milliers de disparus, 15 000 personnes, essentiellement des hommes mayas, torturés et massacrés, 100 000 réfugiés au Mexique et des milliers de déplacés.

 

Zone de montagnes et de résistance, le pays K'iché a souffert plus que d'autres régions. C'est ici que fut orchestré en 1982 le massacre des habitants d'environ 400 villages, hommes, femmes et enfants, sous la présidence du Général Rios Montt, au nom de “l'anti-insurrection, la stabilisation et l'anti-communisme”.

Les mayas K'iché font partie des 4 groupes de langue maya les plus importants du pays. Néanmoins sa capitale, Santa Cruz del Quiché, n'abrite que 30 000 habitants.

 

Quiché (3)Les ballades et randonnées bucoliques nous feraient oublier les horreurs de la guerre, mais la mémoire est bien présente ici, et les conditions de vie précaires de certaines familles nous rappellent à une dure réalité. En effet, un grand nombre de familles déplacées ont trouvé à se reloger dans des abris de fortune. Certaines ont tout perdu, en l'absence de papiers attestant leurs droits de propriété.

Diégo est aujourd'hui guide de tourisme communautaire. Il nous raconte que son père avait acheté 10 hectares de terrain. Délogés pendant la guerre, la maison et le terrain réquisitionnés par l'armée, les hommes obligés de se cacher pour ne pas se faire tuer, le père n'a jamais pu récupérer son terrain, car il a été revendu à un autre particulier. Sans papiers officiels de propriété, il n'a rien pu prouver.

Quiché (11)Comme de nombreuses autres familles, sa famille a donc été contrainte de reconstruire une maison sur un bout de terrain qui ne lui appartient pas. Depuis maintenant 2 générations, les familles occupent des terrains appartenant au gouvernement, dans l'attente d'une formalisation d'un titre de propriété, en compensation de la perte de leurs biens. La promesse de régularisation a été faite il y a 8 ans par le gouvernement, les familles attendent toujours... et continuent à faire pousser le maïs et les frijoles sur une terre qui peut leur être donnée comme reprise à tout moment.

Ces maisons provisoirement définitives, dispersées sur les collines, sont construites en planches de bois et toit de tôle, sans aucune isolation, dans une région où il fait froid et où il n'est pas rare qu'il neige. Les conditions sont précaires à tous niveaux.

 

Quiché (7)Cela n'empêche pourtant pas la population d'être accueillante, curieuse de savoir d'où viennent ces voyageurs qui ont eu le cran de venir jusqu'ici, sur les routes sinueuses et cahotiques, curieuse de connaître notre façon de vivre. Les échanges sont faciles et agréables.


Dans cette région reculée, un peu de “bout du monde”, il y a de la vie, des gens fiers de leur patrimoine culturel et avides de raconter leur histoire. Pour qu'on n'oublie pas.

 

 

 

Quiché (10)Car il faut savoir que cette guerre dite civile, qui a duré 36 ans et a laissé un pays exangue et appauvri, a été orchestrée par la CIA, une fois de plus, afin de préserver les intérêts économiques de l'oncle Sam qui traitait avec les grandes compagnies fruitières, et plus certainement pour éviter que se répande le communisme du voisin cubain. Aujourd'hui, ce sont les volontaires étasuniens du Corps de la Paix et autres qui se relayent auprès de ces pauvres popuations pour leur venir en aide et les appuyer sur leur développement... à moins que ce ne soit un mirroir aux alouettes pour mieux controler le pays et ses habitants ? Le Mexique voisin est déjà totalement sous l'emprise étasunienne, pour ne pas dire que les lois qu'il établit ne font qu'obéir aux injonctions du grand-frère du nord, dans l'intérêt politique et économique, bien entendu, de ce dernier.


Quiché (5)

Il y a fort à parier, donc, que sa politique est de dominer le sous-continent, l'Amérique Centrale se trouvant un enjeu statégique non seulement au plan économique, mais surtout politique c'est à dire militaire.

Certes, l'on pourrait dire aussi que le gouvernement français n'est pas vraiment mieux placé dans ses relations avec les pays africains... La différence se trouve dans les enjeux. Outre-Atlantique, il y a cette hantise de la recherche à tout prix de l'ennemi qui représente le mal (en relation avec leur croyance bien simpliste de la dualité bien-mal). Jusqu'en 89, le bloc communiste, aujourd'hui la nébuleuse al-qaïdienne, que la CIA a d'ailleurs également contribué à mettre en place, et demain ?...

 

Nous avons fort à faire, donc, pour racheter les actions passées et présentes (car cela continue) de nos gouvernements, mais surtout pour impulser de nouveaux modes de relations avec les pays du Sud !

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Publié dans Chroniques Amériques

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C
Pas très joyeux cet article ... mais la réalité ne l'est pas, alors ... :(
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