Escapade argentine

Publié le par terre-de-femmes.over-blog.com

 

Iruya, Argentine, 15 septembre 2013.

 

Iruya (10)Iruya, village retiré au fond d'une vallée, accroché à flanc de rocher, respire le bon air et la paix. Il est situé dans un endroit paradisiaque. Pour ceux qui souhaitent se retirer loin du monde et de la vie urbaine trépidante, c'est l'endroit idéal.


C'est la fin d'une route, le bus ne va pas plus loin. Pour rejoindre les autres villages de la communauté, encore plus perdus, ce sont les ânes ou les chevaux qui prennent le relai.

 

 

 

 

Iruya (11)Il faut 3 heures de marche pour rejoindre San Isidro, par une piste longeant la rivière, ou plutôt serpentant d'une rive à l'autre.

La rivière déborde allègrement de son sillon, inondant le chemin piétonnier, comme pour rappeler quel est son territoire.

 

Le paysage est magnifique, les collines et les falaises offrant toute une palette de couleurs.

 

L'eau pure et transparente fait ressortir toutes les tonalités de couleurs des pierres, du gris au rouge, en passant par le bleu et le jaune, indiquant que le sol est riche en minéraux.

 

Iruya (12)

Le son profond et permanent du roulement des pierres aux mille couleurs se fait entendre jusqu'en haut de la falaise.

 

Un jour de grande chaleur, lorsque le soleil est au zénith, les nombreuses piscines formées par la rivière au milieu des roches, sont une grande tentation pour le marcheur en quête de fraicheur et d'ombre.

 

Pour le moins, tremper les pieds dans l'eau bien fraiche est une réjouissance, et ce n'est pas l'envie qui manque de s'y baigner.

 

 

Iruya (13)

 

Le lit de la rivière est bien large, ce qui laisse penser qu'en saison des pluies, certains villages peuvent se trouver coupés du monde. Car pour passer d'un village à l'autre, il faut sans cesse passer des failles, soit descendre la falaise pour plonger dans le lit de la rivière, et remonter de l'autre côté sur les pentes abruptes.

 

Iruya (15)A San Isidro, nous recevons l'accueil jovial de Teresa, qui tient un comedor au fond du village, le seul ouvert.

A l'heure de midi, il fait bon y faire une pause, pour y déguster des empanadas de fromage et de viande, des bombitas de pommes de terre, des humitas de maïs, et une bonne soupe à l'avoine, réhydratante et énergisante, avant de rebrousser chemin ou de poursuivre vers San Juan, à 3 heures 30 de marche supplémentaire.

 

Iruya (16)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Iruya (19)En route vers San Juan, nous atteignons un col à 4000 mètres d'altitude, après les 1000 mètres de montée sévère. Soudain apparaît El Condor, qui se joue de nous en disparaissant tout aussi soudainement derrière les nuages.

 

Vu d'en-haut, la pente est tellement impressionnante que nous nous demandons comment nous pourrons descendre. Pour arriver à San Juan, il faudra monter 1000 mètres de pente raide... et en descendre autant, pour plonger dans la vallée voisine.

 

Nous apercevons les maisons du village en miniature.

 

Iruya (17)Après une descente tout aussi raide que la montée, nous parvenons au village.

 

La première question qui vient à l'esprit est de savoir comment les premiers habitants ont-ils pu avoir l'idée de venir jusque-là, un endroit loin de tout, au bout du monde, dont on ne peut même pas soupçonner l'existence. Certes, il y a de l'eau et une terre fertile, ce qui est certainement la raison majeure, mais comment donc ont-ils trouvé ce lieu-là ?

 

 

 

 

Iruya (21)

Jacinta et son mari Hugo, qui tiennent une auberge tout en haut du village, ne se posent pas toutes ces questions. Ils perpétuent les traditions de leurs aînés, cultivant la terre sur les pentes raides, pour y faire pousser des pommes de terre, des okhas, des fèves, des pois, du blé... Les enfants vont garder les chèvres pendant que les parents sont aux champs. A 12 et 14 ans, ils passent la nuit seuls dans une grange, de l'autre côté de la rive. Et quand elle n'est pas à garder les chèvres, la « grande » (12 ans) veille sur ses petites sœurs.

 

Un thé maison nous accueille pour nous relaxer et nous réchauffer, fait avec les plantes du coin.

Jacinta ne nous attendait pas, mais elle parvient à nous offrir un bon repas. Quand il y en a pour 7, il y en a pour 10 ! Au menu du soir, une bonne assiette de soupe de céréales, carottes,fèves et pommes de terres, suivie par un guiso de cabri accompagné de riz et pommes de terre en quantité. La soupe, c'est la fillette de 12 ans qui l'a préparée. Honte à moi de m'être assoupie sur le bon matelas du dortoir, au lieu d'aider à éplucher les patates !

Au petit déjeuner, c'est le pain maison, mélange de farine de blé et de maïs, cuit au four en terre, qui est servi à volonté. Un vrai délice !

 

Iruya (20)Les familles de San Juan vont s'approvisionner à Iruya à dos d'âne, quand ce n'est pas à dos d'homme.

 

L'âne sert aussi à travailler le champ, quand la famille n'a pas les moyens de posséder des bœufs de trait.

 

L'année dernière, un bœuf de Jacinta s'est tué en chutant dans un ravin. Elle doit par conséquent louer celui du voisin pour faire les sillons.

Sur les pentes trop raides, les sillons sont travaillés à la main.

 

La vie est rude, sur ces pentes andines, mais les gens restent souriants et accueillants, aimant à partager un moment de leur vie quotidienne.

 

 

 

 

 

Iruya (23)Après une bonne nuit réparatrice, bercée par le clapotis de la pluie, la brume nous accueille au petit matin. Petit à petit, elle se dégage pour laisser place à un soleil généreux.

La lumière est aveuglante sur les montagnes opposées au village, alors que celui-ci, dans l'ombre, paraît encore endormi.

 

Le chemin du retour nous offre des vues exceptionnelles sur les montagnes et les vallées profondes, à donner le vertige. Certains passages à flanc de falaise sont d'ailleurs assez périlleux.

 

Derrière le col, où les habitants et les passants font offrande à la statuette de la vierge, nous débouchons sur un large plateau, où paissent quelques troupeaux de moutons. Quelques maisons se trouvent là, encore habitées, d'autres abandonnées.

 

Le fond de la vallée emprisonne le brouillard, qui stagne entre la plaine et les sommets.

 

Changement radical de paysage. Vue à 360°, impressionnante. Le plateau se découpe par endroits en de longues failles, où l'eau s'engouffre en période de pluie, pour aller rejoindre le cours de la rivière principale en contre-bas.

Iruya (26)

 

En cette saison, tout est sec, l'herbe est jaune et les champs uniformément marron. Seules les pousses d'alfa-alfa, d'un vert tendre, détonnent de l'ensemble, apportant un peu de fraicheur au paysage.

Nous pouvons descendre sans problème dans les failles et marcher dans le lit du rio, qui semble pouvoir nous mener à destination. Nous y rencontrons des ânes presque sauvages, au regard interrogateur. Eux savent que ce chemin ne mène nulle part !...

 

Iruya (28)De retour sur le plateau, il s'agit maintenant de trouver le bon chemin.

Bien que les maisons soient en apparence entretenues donc habitées, il n'y a aucun signe de vie humaine. Nous devons faire appel au bon sens et à la mémoire des explications de Jacinta.

« Un chemin large et facile à trouver. C'est toujours tout droit, par le chemin du milieu !... »

 

En effet, au bout du plateau qui semble plonger dans l'infini, le chemin apparaît, après une dernière maison, bien cachée. Évident !


 

Iruya (29)De loin, nous voyons le dit chemin continuer à descendre vers la gauche. Facile ! Mais arrivés au bout, le chemin se sépare en deux... et le tracé le plus marqué part finalement … vers la droite. Dubitatifs, nous passons à travers une sorte de porte de pierre, et là, le chemin se découvre peu à peu, plongeant à pic, dans les méandres des cheminées de fées d'un rouge intense.

Les crottins frais nous font penser que nous sommes sur la bonne voie, et en effet, quelques minutes plus tard, nous nous trouvons déjà dans le lit de la rivière.

Regardant en arrière, il est difficile d'imaginer le chemin emprunté !


Iruya (14)

 

Ouf, il suffit maintenant de suivre le cours pour rejoindre le village d'Iruya. Après une pause bien méritée et le remplissage des bouteilles d'eau, nous partons plus légers vers notre destination finale. Deux jours de marche intense, avec des images superbes plein les yeux ! Mes compères parviendrons même à attraper le dernier bus, je resterai un jour de plus pour profiter de la beauté et la sérénité du lieu, juste à ne rien faire !


Publié dans Chroniques Amériques

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
C
Magique ! ça fait vraiment envie !!!!!!!!!!!<br /> Une autre fois, peut-être :)
Répondre