Côté fleuve, mystique Bénarès

Publié le par terre-de-femmes.over-blog.com

5 février 2012.

Bénares (29)

Auparavant appelée Kashi, « la cité de la vie », Bénarès est une étape incontournable pour les hindous, de leur vivant mais également pour s'y faire incinérer. Car prendre son dernier bain dans les bras de la « mère » Ganga et y laisser ses cendres revient à stopper le cycle des réincarnations. Le défunt est alors certain de rejoindre directement le paradis, la conscience tranquille. 

Pour les vivants, Bénarès est surtout fréquentée à des moments privilégiés dans l'année, notamment lors de festivals.

Les 82 ghats (qui signifient marches) bordant le fleuve sacré sont alors envahis par la foule. Le reste de l'année, les quais sont assez paisibles et il fait bon y flâner, en observant les barques descendre le fleuve.

 

 

Bénares (18)

 

Chaque ghat a son caractère, son style. En haut des escaliers, on trouve soit un palais, édifié par un maharaja ou un riche brahmane, soit un temple dédié à l'une des nombreuses divinités hindous... soit un hôtel.

Outre les nombreux sadhus qui arpentent les quais en mendiant, on y rencontre régulièrement des groupes de femmes dans de beaux saris, qui se pressent autour d'un couple, entrant ou sortant d'un temple où ils ont fait bénir leur union.

 

Pendant ce temps, les enfants jouent au cerf-volant, avec une grande agilité.

 

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On peut également tomber sur un attroupement causé par la prise d'un film d'une série télévisée, dont les vaches n'ont semble-t-il pas grand chose à faire... Celles-ci préfèrent prendre le soleil en méditant face aux temples.

 

Le dimanche est le jour du pique-nique de l'autre côté de la rive, d'où proviennent régulièrement des sons de tambours et de youyous. 

 

 

 

 

 

 

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Et bien entendu, nombreux sont ceux qui viennent à Bénarès pour prendre leur bain matinal dans les eaux sacrées, afin d'améliorer leur karma. Bon karma ou pas, il faut avoir sacrément la foi pour se baigner dans une eau aussi polluée (une eau propice à la baignade doit contenir moins de 500 bactéries par litre... des prélèvements en ont révélé 1,5 millions !).

 

 

 

 

 

 

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Quelque soit la période, des pujas (ou prières) ont lieu tous les soirs, sur certains ghats. Elles sont orchestrées par des sortes de moines hindous, qui répètent les mêmes gestes, avec la même précision et le même tempo. A la fin de la puja, les participants font leur offrande au fleuve sacré. On voit alors scintiller sur l'eau des centaines de petites bougies, emportées par le courant.

 

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Bénares (21)

Pour les morts, les ghats de crémation fonctionnent jour et nuit, toute l'année. Y compris ici, les castes ne se mélangent pas : chacune a son espace de crémation. Ce sera à Shiva de décider s'il réunit tout le monde, au-delà.

 

4 catégories de personnes ne sont pas brûlées, et sont plongées directement dans les eaux du fleuve sacré, car considérés comme « purs » : les enfants de moins de 10 ans, les femmes enceintes, les sadhus et les lépreux.

La cérémonie de crémation s'effectue selon un rituel immuable, quelle que soit la caste. En parlant de caste, ce sont les intouchables auxquels est dévolu le rôle de récupérer les cendres. Certains, paraît-il, se seraient enrichis grâce aux bijoux (ou ce qu'il en reste) qu'ils auraient récupérés...

 

 

Bénares (27)Après une puja « privée », d'où les participants ressortent le front maculé de poudre colorée, le mort est transporté par les ruelles de la ville sur une échelle de bambou, enroulé dans un linceul, recouvert de tissus colorés. Les tissus et les couleurs diffèrent  selon l'âge et le sexe du défunt. La procession est en général composée d'hommes, parfois aussi de femmes, accompagnés de 2 ou 3 saltimbanques roulant énergiquement du tambour.

Le défunt est transporté sur la rive où lui est donné son dernier bain : certains le plongent entièrement dans le fleuve, d'autres déposent le corps et son échelle tout au bord de l'eau, de manière à ce que le défunt ait les pieds dans l'eau. Puis un par un, les membres de la famille puisent de l'eau sacrée dans le creux de leurs mains et la verse dans la bouche du défunt, 7 fois. Ce dernier bain est important, il boucle la boucle : comme le bébé prend son premier bain dans les bras de sa mère génitrice, il prend son dernier bain dans les bras de la mère Ganga.
Puis en attendant son tour, la famille danse autour des saltimbanques, les danseurs brandissant des billets pour exciter la foule et motiver les musiciens. Tout cela se passe dans une ambiance de fête, voire de liesse, pour les personnes âgées tout au moins. Certaines cérémonies sont plus intimes, cela dépend du nombre de personnes qui ont pu accompagner le défunt dans sa dernière étape.

 

 

Bénares (15)Vient le moment de la crémation. Ceci est une affaire d'hommes, exclusivement. Selon ses moyens et la taille souhaitée pour le bûcher, la famille achète des bûches de bois préparées sur place, stockées derrière les ghats. Ce sont des milliers de kilos de bois, provenant des forêts environnantes, qui sont ainsi brûlés chaque jour. Car il ne faut pas moins de 250 kg par bûcher. A 10 roupies (minimum) le kg, cela fait un budget de 2500 Rps, soit un demi mois de smic indien dépensé rien que pour le bois.  
Le bûcher est préparé méthodiquement. Avant d'allumer le feu, le fils aîné effectue une prière, et fait 7 fois le tour du bûcher avec quelques autres membres de la famille.

 

 

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 A la fin de la crémation, qui dure environ 3 heures, des morceaux restants (désolée pour les âmes sensibles) sont jetés au fleuve par le fils aîné, crâne rasé et paré pour l'occasion d'un khadi (étoffe blanche en coton traditionnelle) et qui pour finir, se place dos au bûcher, jette une cruche remplie d'eau sacrée sur les braises, et part, sans se retourner.

 

 

 

 

 

 

 

 

Bénares (31)

Publié dans Chroniques Inde

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