Le printemps dans la vallée du Chaman
Yakawlang, 12 mai 2014.
Le temps des semailles est arrivé.
Les paysans s’affairent à terminer les labours, laissant aux bœufs peu de répit en ces jours comptés, car la saison est courte.
Les sillons se dessinent peu à peu sur la terre brune. Les pluies de ces deux dernières semaines ont ramolli la terre, devenue plus facile à cultiver.
Déjà, profitant des premiers rayons de soleil, les arbres fruitiers arborent leurs fleurs odorantes, le blé pousse à vue d’œil, les jeunes branches de peupliers toutes en feuilles se balancent gracieusement tandis que les pissenlits tapissent le sol d’un jaune vif. Les fonds de vallées offrent au regard un spectacle de couleurs vives et contrastées.
Il semble que la vie reprend de plus belle avec les beaux jours en perspective. Au pied des montagnes encore enneigées, les nombreux troupeaux de moutons, de chèvres et de bœufs se sont donné rendez-vous sur les pâturages de la vallée du Chaman, pour se délecter des premières pousses d’herbe tendre. Femmes, hommes et enfants s’activent dans les champs.
Dans cette vallée large et généreuse, où l’eau abonde, les villages accrochés aux flancs des collines se font face de part et d’autre de la rivière. Les maisons en pisé se devinent à peine, tant leurs tonalités passant de l’ocre au rouge se confondent avec celles de la falaise qui les surplombe.
Plus loin, la vallée se resserre. Le paysage change radicalement, pour devenir aride et unicolore. Une piste sableuse monte vers le col, que les familles empruntent à dos d’âne pour leurs échanges commerciaux.
En chemin vers la vallée, un troupeau parvient à y trouver quelques buissons à brouter.
Passé le col, le même spectacle de couleurs vives et chatoyantes se reproduit. Une rivière coule le long d’une vallée profonde, au pied des villages s’étendent les champs verts et bruns.
Après les travaux des champs, les paysans font leurs provisions de buissons et de bouses de vaches en prévision de l’hiver prochain.
Les ânes redescendent la montagne chargés de buissons épineux, sur des pistes poussiéreuses, tantôt menés par des hommes, tantôt par des enfants, pendant que femmes et filles ramassent les bouses dans les pâturages.
Les vallées verdoyantes, les paysages et la lumière d’une exceptionnelle beauté ne nous font cependant pas oublier la rudesse du climat et de la vie paysanne de cette région.
Et si nous étions tentés de l’oublier, la piste rude et chaotique pour parvenir aux villages, le vent qui s’engouffre sans prévenir dans la vallée et le froid qui nous surprend une fois le soleil passé derrière les montagnes, sont là pour nous le rappeler.
